dix-huit mois de recherche-action au sein d’une résidence sociale, artistique et temporaire à Strasbourg
dix-huit mois de recherche-action au sein d’une résidence sociale, artistique et temporaire à Strasbourg
Au cours d’une période limitée à dix-huit mois, d’avril 2019 à fin octobre 2020, l’une des ailes de l’ancienne clinique Sainte-Odile, dans le quartier du Neudorf, s’est transformée en centre d'hébergement social et d’accompagnement artistique pour des familles et des personnes isolées. Issu d’un partenariat entre le promoteur Lafayette Immobilier, deux associations, L’Étage et Horizome, la ville de Strasbourg, l’Eurométropole et l’État, ce centre d'hébergement a souvent été qualifié par ses habitant·e·s de squat amélioré. C’est le premier projet d'habitat intercalaire à Strasbourg, auquel on a donné le nom d'Odylus comme s'il s'agissait d'un bateau utopique et submersible, à la fois lieu de vie temporaire, laboratoire artistique et prototype d'« habitat fiction »... Durant dix-huit mois d'actions, une centaine de personnes a posé ses valises sur le bateau, restant sur une courte durée pour certains, sur l'ensemble de la période pour d'autres – chacun·e dans des chambres partagées en famille ou en colocation. Le lieu dispose de quatre étages pour les trente-deux chambres, quatre cuisines collectives et des bureaux dédiés aux travailleur·se·s sociaux·ales. Le rez-de-chaussée ainsi que la cour extérieure ont été définis comme des espaces de vie commune. Ils accueillent les artistes en résidence et différents événements conviviaux.
Les familles qui ont vécu sur place sont pour la plupart des réfugiés politiques, que l'État a décidé d'accompagner pour leur trouver un logement pérenne. En attendant que cela soit possible, et plutôt que les loger à l’hôtel (solution peu adéquate, notamment pour les enfants), l'Odylus semblait être une alternative intéressante. Les personnes isolées, qui vivaient à la rue, quant à elles, ont été invitées par le CCAS [Centre Intercommunal d’Action Sociale] et la ville de Strasbourg, dans le cadre du projet de la municipalité de créer cent places supplémentaires d'hébergement durant l'année2018. Différentes expériences de vie riches, courageuses, parfois difficiles ou rocambolesques se retrouvent au sein d'un même bateau... L’association L’Étage gère l’accompagnement social des personnes tandis que tous les trois mois, le collectif Horizome invite sur place un·e artiste ou un collectif d’artistes. Avec les résident·e·s intéressé·e·s, ces derniers imaginent un projet pluriel, collaboratif et artistique qui participe à la vie collective. Travailleur·se·s sociaux·le·s et chercheur·se·s œuvrent ensemble pour maintenir la dynamique du lieu. Les artistes accueilli·e·s en résidence les rejoignent : leurs propositions permettent un décalage, un autre point de vue sur ce qu’est l’accueil et l’accompagnement.
Imaginez un centre d’hébergement d'urgence qui ferait le pari d’être un vrai lieu de vie et de rencontres mais aussi de création collective, avec pour objectif de partager une expérience à échelle humaine. Les personnes à bord embarquent alors ensemble, chacun·e à son rythme et/ou avec un niveau d'implication qui lui est personnel... Un tel projet d'habitat intercalaire, qui se veut attentif à ce que la dignité humaine soit respectée, pose différentes interrogations, des questions théoriques mais aussi très concrètes. C'est pourquoi, dès le départ, un travail de recherche-action porté par le collectif Horizome a été mis en place. L'objectif est de pouvoir analyser le projet, ces avantages comme ces écueils. De cette manière, par l'activation artistique et de la prise en compte des forces vives au sein du lieu, on pourra comprendre les biais qui permettent l’amélioration d’un lieu comme celui de l’Odylus.
Le site internet www.raconter-odylus.org est une restitution de ces dix-huit mois de recherche-action au sein d'une résidence sociale, artistique et temporaire. Il n'a pas pour but de constituer une réponse unique mais bien de présenter différentes formes pour cerner la complexité et la multitude des vécus. En racontant l'Odylus, le collectif Horizome et les artistes associé·e·s vous proposent de plonger en immersion dans la vie éphémère de ce lieu qui fermera ses portes d'ici peu.
Pour y parvenir, vous retrouvez quatre typologies narratives, répertoriées de la plus objective à la plus subjective.
♥ Ambiance
Des éléments bruts captés à l'Odylus (sons, images...)
♥ Histoire
L’auteur·rice décrit factuellement un des moments forts qui ont rythmé les dix-huit mois à l’Odylus.
♥ Récit
L’auteur·rice donne une interprétation artistique ou narrative d’un moment ayant eu lieu à l’Odylus.
♥ Point de vue
L’auteur·rice donne son avis, pose une problématique, tente à sa manière d’expliquer des concepts qui se jouent à l’Odylus.
Chacune des archives proposées sont également classées chronologiquement et par axes thématiques : HABITAT INTERCALAIRE, HOSPITALITÉ, MÉDIATIONS. Les pictogrammes et la nomenclature de chaque article donnent des renseignements le type d'informations qu’il contient et les interrogations qui ont conduit à son écriture.